Le verdict

Me voilà donc à mon premier rendez-vous chez l’urologue.
Je me présente et j’explique ma situation. Elle examine ma prise de sang et, sans attendre, me propose un premier examen pour évaluer la situation.

Je vous laisse imaginer ma surprise… moi qui suis plutôt pudique, j’ai dû laisser tomber toutes mes barrières de timidité.
Me voilà couché sur le côté, attendant de subir cet examen.

J’ai de la chance : elle est bienveillante, douce dans sa manière d’expliquer. Elle me décrit l’intervention, ce qu’elle observe et partage son analyse.
Le compte rendu est clair : les valeurs mesurées indiquent qu’il est nécessaire de faire une IRM de la prostate pour en savoir davantage.

Un rendez-vous est pris assez vite. Mais me voilà toujours dans l’attente d’un diagnostic…

Le jour de l’IRM, je ne suis pas vraiment nerveux. Plutôt dans une forme d’attente calme. Je veux juste savoir ce qui m’attend.
On m’invite à me déshabiller, puis à m’installer dans la salle. Je m’allonge, l’examen commence. C’est bruyant, mais assez rapide — une quinzaine de minutes à peine. Je ressors sans retour immédiat : je dois attendre un prochain rendez-vous avec l’urologue pour connaître les résultats.

De retour à l’hôpital, elle me confirme qu’il y a bien quelque chose. Des biopsies sont nécessaires pour déterminer s’il s’agit d’une tumeur bénigne ou maligne.

De rendez-vous en rendez-vous, les jours, les semaines passent.
Je récupère un peu de force, je reprends du poids, je me recentre sur moi-même. J’écoute davantage mes besoins.
Je ne fais plus de sport depuis des mois. La moindre activité physique m’épuise, il me faut des jours pour m’en remettre.

Eve décide de m’accompagner pour la biopsie de la prostate. Ce n’est pas un moment facile.
C’est un examen éveillé, en position frontale. Une fois encore, je dois laisser tomber toute pudeur — ce qui, pour moi, est loin d’être naturel.
L’examen prend un peu de temps. Mon urologue souhaite faire les choses avec précision. Je suis face à deux femmes. Elles sont bienveillantes, respectueuses. Je ne suis pas vraiment à l’aise, mais nous mettons de la musique et je m’y accroche.
C’est un peu douloureux. Mais après tous les examens que j’ai subis ces derniers mois, j’ai appris à prendre sur moi et à me recentrer.

Une fois l’examen terminé, je retrouve Eve qui m’attendait dans le couloir.
Nous savons tous les deux que cet examen est déterminant, que ses résultats vont faire pencher la balance, dans un sens ou dans l’autre.

Et pourtant, je ne suis pas inquiet.
À vrai dire… je suis prêt.

J’ai tellement souffert ces derniers mois que la perspective d’un diagnostic positif ne m’étonnerait même pas. Ce n’est ni de la fatalité ni de la résignation. Je prends les choses comme elles viennent. J’agirai en fonction.
Comme pour tous les examens précédents, il y a cette phase d’attente.
Le rendez-vous est déjà fixé avec mon urologue, qui m’a demandé de ne pas consulter les résultats en ligne, ni de demander l’avis de mon médecin généraliste.

Je suis de nouveau suspendu à un possible diagnostic, en attente d’une direction, d’une vérité. Je dirais même… d’un soulagement.

Et dans cette attente, quelque chose s’ouvre en moi.
Une conscience. Une lumière. Un retour vers mon être profond.
Je sens que les choses ont changé.
Ce n’est pas que je deviens quelqu’un d’autre. Je suis toujours le même.
Mais… comme si un brouillard se levait, me permettant de me voir, de me ressentir, un peu plus clairement.

Je lis de plus en plus d’ouvrages inspirants, qui accompagnent ce réveil intérieur.
Ils m’apportent de la force, mentale et émotionnelle.
Et j’arrive à vivre de bons, de beaux moments… avec moi-même.

Retrouver un peu de calme et de douceur dans les tourments de ma vie actuelle me fait du bien.
Cela me permet d’entrevoir une lueur. Un espoir.


Enfin, le rendez-vous.

Eve décide de m’accompagner, pour affronter cette étape ensemble, en couple.
Nous sommes assis face à mon urologue. Elle ne tourne pas autour du pot.

— « C’est bien un cancer, Monsieur. Adénocarcinome acineux. »

Je reçois la nouvelle avec calme.
Je pense que je le savais. Que je le sentais.
Pour Eve, c’est différent : elle fond en larmes.
Je la rassure comme je peux. Je lui dis que nous allons faire le nécessaire.

L’urologue nous explique les différentes options : isotope radioactif, rayons, ablation…
Je ne l’écoute pas jusqu’au bout. Je l’interromps rapidement.

— « Je préfère aller directement vers l’ablation. »

Je sais que c’est une solution radicale.
Mais c’est exactement ce que je souhaite.
Je ne veux pas courir le risque que les autres traitements échouent et rendent ensuite l’ablation impossible.

Je m’exprime calmement. Je rassure encore Eve.
Je garde la tête froide. Je prends la décision rapidement.

Avec le recul, je pense avoir agi comme il le fallait.

Nous discutons des risques, des possibles contraintes :
incontinence, troubles de l’érection, aides mécaniques ou chimiques…
Puis vient le choix du type d’intervention : classique ou robot-assistée.

Là encore, je tranche :

— « Ce sera par robot assisté. »

L’opération devrait se faire rapidement. Le cancer semble évoluer vite.
Et nous comprendrons pourquoi… un peu plus tard.

À ce moment-là, mon urologue fait une parenthèse.
Elle m’informe qu’elle ne pourra pas effectuer l’intervention elle-même : elle est enceinte, et son accouchement est prévu dans les semaines à venir.
Elle me redirige donc vers un confrère de confiance, spécialisé dans ce type d’intervention…


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